Vendéen mon Fils

Vendéen mon Fils
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Avant Propos et message de bienvenue ...

La politique en son sens le plus large, celui de civilité ou Politikos, indique le cadre général d'une société organisée et développée … au sens de Politeia, elle renvoie à la constitution et concerne donc la structure et le fonctionnement (méthodique, théorique et pratique) d'une communauté, d'une société, d'un groupe social … au sens de Politikè, ou d'art politique cela la fait se référer à la pratique du pouvoir, soit donc aux luttes de pouvoir et de représentativité entre des hommes et femmes de pouvoir … Bonjour (ou bonsoir, selon l’heure à laquelle vous arrivez chez nous), vous êtes bienvenu(e). Nous pensons – à priori – que la société, la vie en société, la place de l'homme dans la société, la politique, vous intéressent … et que, c’est pour cela que vous êtes venu(e). Avant de commencer, il vous faut connaître les principes fondateurs et savoir l'indispensable afin de se familiariser avec les règles du projet : référencement au Droit naturel, à la Doctrine sociale de l'Eglise et au Magistère de l'Eglise ... et respecter les droits d'auteurs. Vous pourrez commenter chaque article et apporter des compléments. Nous souhaitons cependant que quatre principes soient honorés : respect, passion, innovation et rigueur. Toutes celles et tous ceux qui souhaitent s'investir et se former sont chez eux dans cette Agora ! Toutes discussions sont accueillies pour autant qu’elles soient dignes et respectueuses ; elles doivent être signées. Nous vous remercions pour votre présence, votre lecture et votre contribution. p. s. - L'académie d'études civiques est sur facebook … AFIN QUE TOUTES ET TOUS CONNAISSENT NOS REFERENCEMENTS, NOUS LES PRIONS DE SE RENDRE SUR : http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/justpeace/documents/rc_pc_justpeace_doc_20060526_compendio-dott-soc_fr.html O Père, ô mon Dieu, délivrez, sauvez maintenant votre France. Préparez le cœur de vos enfants à la mission qu'ils vont avoir à accomplir pour toutes les nations, pour l'Eglise tout entière. O Père, ô mon Dieu, que les cœurs de vos élus tressaillent maintenant à votre appel, reconnaissant Votre voix, Votre commandement, Votre invitation à agir. Conduisez-les, ô mon Dieu, chacun à sa place et chacun à sa mission. Imposez-leur Vous-même tout ce que Vous voudrez de chacun d'eux et de tous. Que rien ne soit l'effet de leur propre choix mais uniquement de Votre unique volonté d'amour. Vierge immaculée, ne les laissez pas s'égarer ni se tromper. Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Cœur immaculé de Marie, priez pour nous. Saints et saintes de France, intercédez pour nous. Ceci est la prière que Marthe Robin, mystique catholique française et fondatrice des Foyers de Charité, née le 13 mars 1902 à Chateauneuf-de-Galaure et y décédée le 6 février 1981, aimait à adresser à Dieu. Nous avons pensé bon de la faire figurer ici pour que chacun puisse à son tour la présenter à Dieu Père, Fils et Esprit Saint par l'intercession de Notre Mère la Très Sainte Vierge Marie.

samedi 23 avril 2011

Promouvoir une élite chrétienne

« Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » C’est bien cette prière du Christ en Croix qui nous vient à l’esprit chaque jour en suivant l’actualité. Euthanasie, avortement, eugénisme, affaiblissement de la famille, théorie du genre, profanations et vexations aussi perverses qu’imaginatives…. C’est bien le drame du monde actuel ! Ils ne savent pas ce qu’ils font ! Les consciences ont été anesthésiées progressivement et savamment depuis une centaine d’année. Et les fruits portent. L’immense majorité des jeunes et des moins jeunes du reste, n’a aucune base culturelle. Les fameuses humanités qui formaient les esprits ne sont plus même une vague impression dans des mémoires assaillies par la pornographie, abêties par les émissions de télévisions vide de sens. Visiter et comprendre les jardins de Versailles est désormais hermétique à l’intelligence classique des jeunes générations. Victor Hugo, Eugénie ou Gabriel Marcel, ne sont plus que des noms de rue ou de station de métro. Tout ce sur quoi la pensée doit compter pour se forger a été peu à peu banni des programmes scolaires, des salles de spectacles, des films cultes. Alors que l’on vante la libération des hommes grâce au progrès des sciences et de la scolarisation, il faudrait peut-être humblement faire amende honorable et reconnaître l’immense régression intellectuelle, non seulement de l’élite, mais aussi des masses. Les laconiques et approximatives définitions de Wikipédia ne remplaceront jamais un cours sur l’histoire de France ou une pièce de Racine. ‘Mon Peuple périt faute de connaissance’ dit Dieu au prophète Osée. Voilà bien là le drame de l’humanité aujourd’hui. Hommes et femmes ne s’élèvent guère au-delà de l’animal évolué. Mais comme le constate Aristote dans son Ethique à Nicomaque, bien des bêtes nous sont supérieures dans l’ordre physique. Il n’est que l’intelligence qui puisse distinguer l’homme de la bête. Qu’avons-nous fait de notre intelligence ? Comment en être arrivé à tenir dans une même phrase, une chose et son contraire ? Tout simplement parce que la connaissance étant le plaisir de l’âme, un homme frustré cherche ses compensations dans les plaisirs du corps, c’est-à-dire, ces plaisirs qui lui sont communs aux animaux. Le pain et les jeux ! Nous y sommes bien revenus, il n’y a pas de doute.
Mais pourquoi ? Y a-t-il un complot ? Qu’une dynamique anti-chrétienne se soit développée c’est une évidence. Et le démon n’y est certainement pas étranger. Mais cette dynamique se nourrit également de la passivité des hommes face à leur destin et du système actuel. Sans être intentionnellement contre l’homme ou contre le Christ, une économie qui repose sur la consommation a tout intérêt à ce que la personne humaine soit sans repère et insatisfaite. Car cette perte d’identité est la source des besoins compensatoires qui constituent le fond de roulement de la société de consommation. Aussi face à ce double mouvement (besoin compensatoire et démission de l’intelligence), les repères ne tiennent plus et le relativisme devient l’échappatoire illusoire d’une société qui étouffe. De là, nombre de maux importants et structurels. Le système financier vicié qui vit sur cette fuite compensatoire. Le gender qui exacerbe l’égo et alimente cette perte d’identité mortifère. Le rapport à la vie déconnecté de l’homme lui-même.
Face à cela que faire ? Que peuvent faire les chrétiens isolés, désormais réduits à une minorité ridiculisée ? Benoît XVI n’aurait-il pas voulu nous donner une piste importante d’action avec cette initiative plus ou moins bien relayée du parvis des gentils ? Comme le remarquait saint Vincent de Paul au sujet des pauvres qui l’entouraient « avant de s’occuper de leur âme, il faut qu’ils prennent conscience qu’ils ont en une. » Voilà peut-être ce qui nous incombe à tous prioritairement !
Reformer une élite chrétienne capable d’être cette lumière du monde, reconquérir la culture et l’excellence désertées par un certain misérabilisme post soixante-huitard. Sortir de l’amateurisme de l’à-peu-près. Et tant pis pour ceux qui, en retard d’une guerre, confondent égalité des chances et nivellement par le bas. Si le monde périt faute de connaissance, alors il nous appartient de lui donner ce qui lui faut pour reprendre vie.
Cyril Brun, directeur de l’OSP
Mercredi, 13 Avril 2011, 20:49

lundi 18 avril 2011

Périclès… un modèle ?

Qualité indispensable pour un « bon politique »…
Dans les pires situations, les pires moments, savoir affronter la colère du peuple en gardant son calme !
Périclès stratège d’Athènes…
Ses talents d’orateur, la qualité de sa « langue » ont été portés jusqu’à nous.
Plutarque nous permet d’apprécier « l’impassibilité péricléenne »*
« Un jour, par exemple, un individu particulièrement vulgaire et grossier l’insulta et l’accabla d’outrages. Périclès le supporta en silence toute la journée, en pleine agora, en continuant à régler les affaires courantes. Le soir, il s’en alla tranquillement tandis que l’autre le suivait et lui lançait toutes les injures possibles. Avant d’entrer chez lui, comme il faisait déjà nuit, il ordonna à l’un de ses serviteurs de prendre une lampe pour raccompagner l’homme et le reconduire chez lui. »
Autre temps de « grands hommes » authentiques…
Mais n’oublions pas que la courtoisie des rois de France était légendaire…
Il est vrai que cette qualité et ce « bien se tenir » se sont fortement dégradés au sommet de l’Etat…
 
by Léon Areva, le 17 avril 2011
*in « Périclès, la démocratie athénienne à l’épreuve du grand homme » de Vincent Azoulay (Armand Colin)

cet homme familier d’Aristote

Deux indispensables « compagnes » de l’homme d’action !
Quel est cet homme familier d’Aristote ? Un homme « reconnu à son action juste, délibérée et non à son savoir théorique » ? Pour juger avec discernement et agir prudemment…
 
« Il compose avec les circonstances pour agir, se contente du meilleur possible et ne recherche pas un absolu illusoire. »
« Son jugement s’exercera dans la pratique » 
Prudence ?
«[…] l’homme prudent sait appliquer, après délibération, les principes universels aux situations particulières, sachant que la situation n’impose jamais rien d’elle-même. »
Sagacité ?
« La sagacité consistera alors à s’appuyer sur les contingences en faisant un juste usage des passions selon les circonstances et permettra du coup d’agir de façon adéquate… »
Aristote, encore et toujours Aristote, qui a tracé et analysé « les conditions de la détermination volontaire ».
Aristote qui a fait de la sagesse une « science » :
« […]qui connaît en vue de quelle fin les choses sont faites, fin qui est, dans chaque être son bien et du souverain Bien dans l’ensemble de la nature. »
Très « capétien » cet homme…
[A partir d’un petit billet de Sophie Peters…
A valoir chaque jour alors que pointe les agitations de 2012…]

POLITIQUE ET VERITE

Dans le second volume de son Jésus de Nazareth, Benoît XVI rappelle le dialogue entre Pilate et Jésus à son procès.
« Pilate Lui demande : "Qu’est-ce que la vérité ?" (Jean, 18, 38). C’est la question que pose aussi la théorie politique moderne : la politique peut-elle accepter la vérité comme une catégorie structurelle ? Ou la vérité, en tant qu’elle est impossible à atteindre, doit-elle être reléguée à la sphère subjective, et remplacée par le souci de construire la paix et la justice en usant des instruments qui sont disponibles au pouvoir ? » (191)
Quoique notre texte fondateur (NDT : la déclaration d’Indépendance américaine de 1776) parle de vérités « évidentes », elles sont rarement tenues pour telles. La vérité est présentée comme « imposant » une sorte de « dogme » à ceux qui sont libres de choisir ce qu’ils veulent. L’essence de l’homme est le « choix », non la raison et la nature. Dans les faits, les politiques modernes, y compris la nôtre, ne sont pas fondées sur la vérité, mais sur son déni ou son impossibilité.
La tolérance ne signifie plus le droit ou la nécessité d’une discussion pacifique entre opinions divergentes. Une intolérance positive vise à écarter la prétention à la vérité comme potentiellement « totalitaire ». La « démocratie » est fondée sur le scepticisme, non la vérité. La dignité humaine passe par l’autonomie de l’homme. Nous nous déterminons non seulement par rapport à la vie et à la mort mais aussi sur la validité des principes fondateurs eux-mêmes. Le relativisme sous toutes ses formes exclut la vérité.
Dans ce contexte, aucun conflit ne peut être tranché. Les participants à un débat ne peuvent pas se comprendre car ils utilisent des termes qui ne sont pas mutuellement compréhensibles. Pour ce faire, il faudrait admettre que nous vivions dans un même monde, objectif, et sur lequel nous sommes tous d’accord. Au lieu de cela, les conflits sont désormais tranchés par le pouvoir, chacun admettant que rien n’est vrai, et restant indifférent aux conséquences de nos actes. Le désir de vérité est une illusion. Son fantôme hante les politiques qui ont choisi de ne pas s’y référer.
La question posée par Benoît XVI est de savoir si la vérité peut être une « catégorie structurelle ? » Ce qui veut dire : est-ce que cela fait une différence dans le domaine public selon qu’une chose est vraie et qu’une autre est fausse ? Si nous faisons la différence, nous portons atteinte aux « droits » de ceux qui ont « tort ». Ce n’est pas seulement que ce qui faux entraîne des conséquences néfastes. Mais ces conséquences ne sauraient être retenues comme preuves de l’erreur. Nous les rejetons ou les ignorons. La « structure » de la démocratie ne le permet pas. Cela serait une violation des « droits » et de la « dignité » de ceux qui sont supposés être dans l’erreur.
Notre civilisation, suivant en cela Socrate, est fondée sur la règle que « il n’est jamais bien de mal agir ». A l’évidence, s’il n’y a pas de différence entre le bien et le mal, le précepte socratique, que l’on retrouve dans le Christianisme, n’a plus aucun sens.
« Qu’est-ce que la vérité ? » - la question de Pilate au Christ – est intelligente et prophétique. La vérité devrait être le principal sujet de réflexion de tout politicien. Pilate ne voit rien d’avéré dans les accusations portées contre le Christ. Se déjuger et dénier la vérité comme principe universel signifie que Pilate a compris qu’il devait justifier la contradiction entre ce qu’il connaît et ce qu’il fait. Ce « dénouement » est habituellement rendu possible par le recours à quelque « théorie » qui permet au politicien d’effacer ses marques.
Donc, si vous trouvez que l’homme est innocent, que vous faites volte-face et autorisez qu’il soit exécuté, vous vous en sortez en usant du principe vide de sens que nul ne peut atteindre la vérité. Si nul ne peut l’atteindre, nul ne peut être tenu par elle. Pilate est pourtant un gouverneur romain. L’homme comparaissait devant lui parce que les Romains avaient le pouvoir judiciaire de l’acquitter ou de le condamner. Les Romains étaient fiers de leur justice. Pilate n’a pas été sourd à son appel. Il n’a trouvé aucune « charge » contre lui.
A quoi ressemblerait une politique où la vérité serait une « catégorie structurelle » ? En premier, ce serait une politique qui appellerait les choses par leur nom. Le contraire de la vérité est le mensonge. Le pire de ce qui peut nous arriver, selon Platon, est que « notre âme recèle un mensonge sur les choses qui sont ». Platon savait que nous pouvions nous mentir à nous-mêmes pour atteindre ce que nous voulions.
Le second principe structurel est que la vérité n’est pas notre création. La vérité n’est pas la conformité de nos esprits à ce que nous voulons. Mais la conformité de nos esprits à ce qui est. Une partie de la pensée moderne nous enseigne que s’il y a quelque chose qui est, nous ne pouvons en être sûrs. Il n’y a en tout cas pas d’ordre qui supposerait une origine. Et il est encore plus certain que nous ne pouvons pas connaître qui nous sommes ou qui nous devons être à partir d’une réalité que nous n’avons pas nous-mêmes créée.
Or nous ne sommes pas la cause de notre propre création. La vérité sur ce que nous sommes, il nous revient de la découvrir, de la trouver, pas de la façonner. Notre fin n’est pas dans ce que nous choisissons pour nous-mêmes mais si nous choisissons celle qui est implicite dans notre être. En ce sens, la vérité et la politique vont de pair.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/politics-and-truth.html
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James V. Schall, S.J., est professeur à l’université Georgetown
Merci pour cette traduction ... exprime Alain de Chantérac ...
Dostoïevski raisonnait aussi de façon implacable : "Si Dieu n’existe pas, tout est permis"
Du moins par la Loi, qui devient vite celle du plus fort, ou celle du plus grand nombre. Et il est plus facile de mentir pour convaincre le plus grand nombre, surtout quand cela lui plait.
" Aucune morale (NDR fut elle naturelle) ne saurait être au dessus de la Loi" disait Chirac. Loi changeante donc au grè des moeurs, dans laquelle la Justice perd son sens, quand elle ne défend plus le faible.
Sans vérité point de liberté, ni pour le menteur ni pour la victime

mercredi 13 avril 2011

Syndicat du Livre : au cœur de la forteresse

Dans un livre paru en septembre 2007 aux éditions Calmann-Lévy, Spéciale dernière, Emmanuel Schwartzenberg ivre le récit détaillé des tractations, manœuvres et abdications qui parsemèrent la vie mouvementée de la presse française depuis 1944 et entérinèrent progressivement la perte de souveraineté des éditeurs, la paupérisation des rédactions et la mystification comme méthode de communication de l'ensemble de la profession. Il est interrogé ici par Emmanuelle Duverger et Robert Ménard pour la revue Médias (www.revue-medias.com) :

– Le syndicat du Livre a-t-il encore un monopole à l’embauche ?

Oui, même si la loi française l’interdit. C’est une tolérance qui survit depuis 1944.

– C’est pourtant contraire à la Constitution, qui consacre le pluralisme syndical ?

La loi est une chose, son application en est une autre. On peut très bien sauvegarder une pratique illicite en oubliant de la sanctionner. Personne n’a jamais osé dénoncer cette illégalité. Les éditeurs pas plus que les autres syndicats, Force ouvrière, la CFDT ou Sud.

– Pourquoi ?
Parce que le syndicat du Livre était l’aristocratie de la CGT, son fer de lance, sa garde rapprochée, son bras armé et la branche dans laquelle il pouvait avoir le plus confiance. Attaquer ce sanctuaire, c’était entrer en conflit ouvert avec le Parti communiste et la CGT. Comme tout est rapport d’équilibre, les autres syndicats n’avaient pas intérêt à affronter la CGT avec laquelle ils étaient amenés à collaborer. De leur côté, les éditeurs, qui sont dépendants de ce syndicat, n’allaient pas partir en guerre. Le seul à l’avoir tenté, c’est Émilien Amaury en 1975. Mal lui en a pris : de 750 000 exemplaires vendus, Le Parisien est tombé à 350 000 ventes un an et demi après le conflit. Il voulait licencier quelques centaines d’ouvriers du Livre. Après sa mort, le groupe est parvenu à un accord qui prévoyait de reclasser tous les ouvriers licenciés du Parisien au sein des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (NMPP). Le Livre a remporté une énorme bataille puisqu’il a conservé son influence et ses emplois, payés par tous les autres éditeurs. Après cela, l’idée même de bataille a été abandonnée.

– Le syndicat du Livre a encore un pouvoir assez fort pour faire peur aux patrons de presse ?
Le pré-presse – ceux qui travaillaient dans la composition, la photogravure, la mise en forme des articles – a disparu. On les retrouve désormais au sein des rédactions. Au Monde, des ouvriers du Livre travaillent au service photo. Au Figaro, ils sont secrétaires de rédaction, comme aux Échos. Et les rotativistes sont toujours là. Sur une rotative, vous avez des boutons rouges. Il suffit d’appuyer sur l’un d’eux et tout s’arrête. Vous pouvez également faire tomber un crayon dans la rotative, lorsqu’elle tourne, et la plaque d’impression sera déchiquetée. Les moyens de ralentir l’impression d’un journal sont nombreux. (…)

– Votre livre ne serait pas sorti il y a vingt ans ?
Même cinq ans.

– Dangereux ?
Oui, pour moi et pour les gens qui m’auraient parlé.

– Vous avez eu des réactions négatives ?
Des réactions inquiètes de la part de certains éditeurs qui voudraient bien voir les révélations de ce livre appartenir au passé. En revanche, certains syndicalistes du Livre, sans le voir d’un bon œil, ne s’en alarment pas trop parce qu’ils se sentent suffisamment forts pour continuer de revendiquer des avantages, des salaires aussi importants.

– Ils gagnent combien ?
Un ouvrier du Livre gagne la même chose au début de sa carrière à 20 ans que lorsqu’il part à 50 ans : 4 500 euros. Le cadre, lui, gagne 6 500 euros. Certains accords d’entreprises vont même au-delà. Le Figaro, Le Monde, Le Parisien accordent des salaires plus élevés pour préserver la paix sociale. En outre, les salariés n’occupent jamais longtemps le même poste. Un jour, sur une rotative, le lendemain, à l’expédition des journaux, et le troisième jour, affecté à une autre tâche technique : on ne peut jamais le suivre et il ne sera jamais sanctionné. C’est un système très performant.

– Vous dites que les ouvriers du Livre ont été reclassés dans les rédactions. Les journalistes qui débutent ne gagnent évidemment pas ces sommes-là : c’est accepté par tout le monde ?
Les journalistes n’ont pas le choix. Ils devraient mieux défendre leurs intérêts, mais paradoxalement, certains comptent sur les ouvriers du Livre pour cela. Par exemple, le rédacteur en chef technique de Libération est un ancien ouvrier du Livre. Il est entré en même temps que Joffrin.

– Les mœurs du syndicat pourraient donc se retrouver dans les rédactions ?
Oui, parce qu’ils sont plus efficaces que les journalistes quand il s’agit de défendre leur cause. (…)

– Il n’y a jamais eu de tentative politique pour trouver une solution à cette question du syndicat du Livre ?
En 1983, Martine Aubry, alors ministre du Travail, a rencontré Jean Miot et Robert Hersant et leur a proposé de mettre fin au syndicat du Livre. Ils ont catégoriquement refusé. Quand Robert Hersant est mort, Alain Juppé a organisé un déjeuner avec Maurice Gourdault-Montagne, son directeur de cabinet, et Yves de Chaisemartin, président de la Socpress et du Figaro. Il leur a proposé de créer un fonds de modernisation qui aurait signifié la mort du syndicat du Livre. Chaisemartin, comme Hersant précédemment, a répondu : “Je n’ai pas besoin d’argent, mais de tanks.” En réalité, ils ont refusé ce scénario pour plusieurs raisons. Tout d’abord, aucun de ces dirigeants d’entreprise, à l’exception peut-être de Robert Hersant, n’avait un pouvoir financier suffisant pour faire face à un conflit de longue durée, à la différence d’un Rupert Murdoch. Surtout, ils ne savaient pas si, au bout du compte, ils n’en feraient pas les frais. Quand vous êtes propriétaire, comme l’était Amaury, ou Bolloré aujourd’hui, vous pouvez initier le conflit, personne ne vous mettra dehors. Mais si vous êtes employé ou avec un actionnariat éclaté, comment prendre un tel risque ? Et puis, certains y ont vu un allié contre toute concurrence. Les tarifs élevés du syndicat du Livre bloquent, en effet, le marché. Depuis 1974, date de création de Libération, il n’y a pas eu un seul quotidien national qui ait réussi à s’implanter en France. Regardez le Bild. Il a finalement renoncé à se lancer. Les Espagnols aussi étaient tentés de s’installer. Mais le système français est totalement verrouillé, et les éditeurs finalement en profitent. (…)

– La CGT du Livre aura simplement permis à la France de garder des capitalistes français à la tête des journaux français ?
Elle aura abouti à l’éviction des éditeurs traditionnels, à l’exception du groupe Amaury, et à l’arrivée des industriels - qui ont des moyens illimités mais qui se désintéresseront de la presse dès qu’elle ne constituera plus un enjeu de pouvoir.

– Pourquoi cette lâcheté des politiques, en dehors de Juppé et Aubry ?
Une presse financièrement fragile est plus facile à mettre sous tutelle. Se sentant coupables de maintenir ce syndicat en place, ils subventionnent les imprimeries pour obtenir une forme de clémence des quotidiens à leur égard.

– Quel est le coût pour le contribuable ?
Le coût total d’un licenciement avait été estimé à 90 000 euros, charges sociales comprises. En réalité, il coûte 368 000 euros pour un ouvrier et 608 000 euros pour un cadre. Comme l’État en prend à sa charge 46 %, faites le calcul. Si Nicolas Sarkozy veut supprimer les régimes spéciaux, il lui faudra aussi s’attaquer à l’édition (…)
– C’est un syndicat riche ?
Oui. Le comité d’entreprise des NMPP que contrôle le syndicat du Livre touche 2,5 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, quand, partout ailleurs, la règle est de 1 %. De plus, ils font leur petit commerce avec les plaques d’imprimerie... Ils ont des caisses de solidarité importantes et aujourd’hui, ils pourraient tenir le coup longtemps. Ils ont aussi une notion de leur intérêt collectif bien compris. Tous ces avantages doivent profiter au syndicat et si l’un d’entre eux décidait de récupérer un de ces avantages à son profit personnel, les sanctions seraient terribles. On l’a déjà vu.

– Il existe des dissensions au sein du syndicat ?
De plus en plus. Pour des questions de personnes et des questions idéologiques, dues en partie à la baisse d’influence de la CGT et à celle du Parti communiste. Malgré cela, la CGT a élaboré une stratégie qui finira bien par voir le jour, à l’instigation de Bernard Thibault : il s’agit de créer un grand syndicat de la communication, un “super syndicat du Livre” qui s’occuperait de toutes les activités des salariés employés dans les médias. S’ils réussissent, cela leur donnera une force de frappe bien plus importante. Il est plus facile de défendre une branche si vous mettez tout le monde en grève. Aujourd’hui, si seuls les quotidiens se mettent en grève, ça touche moins l’économie que si vous n’avez plus de télé ou de radio. C’est à cela qu’ils travaillent. (…)
 

Presse écrite : mettre un nom sur “l'exception française”

Aviez-vous lu lors de l’ouverture des “Etats généraux de la presse écrite” à l’Elysée qui nous valut à ce moment une avalanche de commentaires affligés sur la situation des grands quotidiens français, menacés de disparition pure et simple face à la concurrence de l’audiovisuel, d’internet et des journaux gratuits.
Alors que toute la presse écrite, dans les autres pays du monde, résiste aux mêmes pressions de l’environnement, sans menace pour sa propre survie. Pourquoi la France fait-elle exception ?

La réponse passe d’abord par l’histoire de la Libération : en 1944, le Gouvernement Provisoire concède le monopole d’embauche pour la composition typographique et la fabrication des quotidiens au “Syndicat du Livre” de la CGT. Trois ans plus tard, en 1947, un autre monopole est établi, toujours au profit des courroies de transmission du Parti Communiste, sur la distribution des journaux : celui des NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne). Aujourd’hui encore, ces deux brontosaures peuvent bloquer sans préavis la fabrication et la distribution des journaux dans tous les points de vente du territoire national.

Le Mur de Berlin est tombé depuis bientôt dix-huit ans, mais les militants de la CGT règnent encore en maîtres absolus sur les procédés de fabrication, le volume des effectifs, le temps de travail et le montant des salaires dans les imprimeries de nos quotidiens, où un rotativiste bénéficie d’un revenu net trois fois supérieur à celui du marché. Il en résulte que les coûts d’impression et de diffusion des quotidiens nationaux, en France, s’établissent à plus du double de celui des autres pays européens !

Comme il est impossible d’en faire supporter le poids au lecteur (ni d’en révéler le scandale), les patrons de la presse française ont fini par trouver normal de vendre leurs journaux très au-dessous de leur prix de revient en exploitant les ressources des recettes publicitaires: 50 à 80% de leur chiffre d’affaires dépend désormais des annonceurs, qui peuvent décider du jour au lendemain de faire évoluer les “plans médias” en reportant sur d’autres supports l’essentiel de leurs investissements.

Sous la crise “économique” de la presse, le principal problème est donc bien celui d’un monopole anachronique, liberticide et ruineux. Le paradoxe serait bien que cette question proprement politique soit la seule que les “Etats généraux de la presse écrite” convoqués par le Président de la République ne s’attachent pas à régler. Le long discours inaugural de Nicolas Sarkozy, le 2 octobre, y fait deux allusions si discrètes et si contradictoires qu'elles auraient plutôt tendance à inviter tout le monde à faire prudemment l'impasse du sujet.
©Emmanuel Barbier/Sedcontra, octobre 2008

mardi 12 avril 2011

Humanisme, dites-vous ?

L’époque se gargarise de mots et l’humanisme est une vedette. On le trouve partout, en politique, en économie, en gestion et, par respect pour la laïcité, le voilà en passe de devenir le dénominateur commun des religions. On s’entend d’autant plus facilement sur le mot, que chacun peut lui donner le sens qui lui convient. Si on retient la définition du dictionnaire, il s’agit « de toute théorie ou doctrine qui prend pour fin la personne et son épanouissement ». Encore faut-il savoir ce qu’est cette personne, car le mot est aussi équivoque. En référence à l’étymologie, disons que c’est un individu qui joue un rôle, qui remplit une fonction. Mais alors quel rôle ou quelle fonction ?
Il semble que la bible, aux premiers chapitres de la Genèse (1,26 et 2,4b) puisse nous servir de guide. Fruit d’une antique sagesse, elle présente deux récits complémentaires de la création de l’homme. Dans le premier, l’homme apparaît le sixième jour, couronnant en quelque sorte l’œuvre de Dieu. C’est de celui-ci qu’il reçoit sa mission : « emplissez la terre et soumettez-la ». Dans le second récit, c’est l’homme qui entre en scène le premier. Le jardin d’Eden lui est offert, avec toutes ses ressources, mais un arbre lui est interdit, celui de la connaissance du bien et du mal. Comprenons qu’il peut user de tout mais ne peut prétendre se faire l’arbitre du bien et du mal. Bref que dans ce domaine, il lui faut une référence extérieure à lui. Mais, pour le reste, le voilà en charge de résoudre, pour lui-même, le problème de la liberté, c’est-à-dire du choix. 
Poursuivre l’œuvre de Dieu d’une part, choisir ce qui peut la compléter, d’autre part : c’est dans cette double mission que va s’accomplir sa personne. C’est donc cette double mission que prend en charge un véritable humanisme.
Pour la première, si ce n’est pas facile, c’est clair : il s’agit de poursuivre l’œuvre du créateur dans le monde qui nous est donné, en l’humanisant. On veut dire en l’organisant pour que, dans tous les domaines, s’améliorent les conditions de vie de l’homme On pense à l’immense effort accompli, à travers les siècles, pour faciliter les échanges, pour développer l’agriculture, éliminer ou du moins faciliter les tâches les plus pénibles, faire reculer les maladies. Ebloui par ses conquêtes, il est tentant pour l’homme de ne pas voir de limite à son pouvoir et d’oublier le conflit qu’il est appelé à régler avec une nature dont il n’est pas le maître et qui sait le lui rappeler.
Dans la seconde mission, ce n’est plus l’humanisation du monde qui définit l’humanisme, c’est ce qu’on peut appeler l’hominisation de l’homme. Le combat est intérieur : il est moral. Comment vivre une liberté responsable sans se laisser prendre au mirage de l’indépendance ? Chacun comprendra que l’effort devra porter sur une véritable conquête du discernement qui ne peut être que le fruit de la culture. Toutes les potentialités de la personne sont alors mobilisées. Les anciens distinguaient la psyche, le logos et le pneuma. On entre en culture par l’un ou l’autre des deux premiers, la sensibilité ou la raison, c’est-à-dire l’art ou la science. Le tout est d’aller jusqu’au bout de ses talents. Alors s’ouvrent les horizons de la vie spirituelle qui dépasse intelligence et sensibilité par une sorte de fascination de la beauté ou de la vérité.
Promouvoir l’humanisme, c’est donc, on le voit, mettre en œuvre l’ensemble des conditions favorables à l’efficacité et à l’épanouissement de chacun. Il trouve d’ailleurs l’une dans l’autre et réciproquement. En effet tout en humanisant le monde, l’homme se construit et en se construisant il se rend plus efficace encore. L’humanisme est la conscience de cette double responsabilité. Que la Bible nous l’apprenne, ou nous le rappelle, est le signe que nous n’inventons pas l’humanisme et que nous avons besoin de chercher, ailleurs qu’en nous-mêmes ce qui peut guider nos pas.
[in France catholique, mardi 12 avril 2011, Hyacinthe-Marie Houard]

Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo arrêté par les troupes de Ouattara, le 11 avril, après que les forces françaises aient investi le palais présidentiel, l’événement est considérable en lui-même et par les conséquences qu’il aura. Il convient bien sûr de rester prudent, car nous ignorons comment la situation évoluera. Mais on ne peut s’empêcher de poser d’ores et déjà quelques questions, ne serait-ce qu’en se référant aux jugements des personnes les mieux informées. Il y a évidemment une position simple qui consiste à prendre acte de la légitimité du président Ouattara, confirmée par la communauté internationale. Laurent Gbagbo se trouve alors coupable de rébellion à l’égard de l’autorité régulièrement instituée et il porte la seule responsabilité du conflit qui embrase son pays et aboutit à l’intervention de l’ONU et de la France.
Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples. Et il faut se méfier des analyses unilatérales où l’évidence du droit s’impose, avec la légitimité de la force pour l’appuyer. Car objectivement, la situation de la Côte d’Ivoire est une situation de guerre civile, avec l’opposition frontale de deux camps, qui disposent chacun d’un appui populaire. Si Gbagbo avait été un homme seul, comme Ben Ali en Tunisie, son départ n’aurait guère posé de problèmes. Dans le cas ivoirien, il apparaît évident que le pays est tragiquement déchiré et que la défaite d’un camp ne signifie nullement la fin des hostilités, et encore moins la réunification morale profonde d’un peuple. La France en procédant elle-même à la prise du palais présidentiel et en permettant aux forces de Ouattara de s’assurer de la personne de l’adversaire, a sans doute été bien au-delà de ce qu’elle envisageait et de ce qu’elle souhaitait.
Sans doute est-ce l’extrême tension qui régnait à Abidjan et le chaos de l’immense agglomération qui ont entraîné la décision. La résistance acharnée de Gbagbo et des siens ne pouvait être jugulée par l’autre camp. Mais cet aboutissement ne peut vraiment satisfaire personne. Il ne s’agit pas de victoire, car la véritable bataille reste à gagner, qui est celle de la paix et de la réconciliation d’un pays déchiré.
[par Gérard Leclerc, lundi 11 avril 2011, in France catholique]

Guerres françaises ...

Nicolas Sarkozy a engagé l’armée française sur de nombreux terrains extérieurs sans encourir trop de critiques. Il vient de franchir une nouvelle limite, avec la même « baraka ».
 
Dix mille militaires engagés dans des opérations extérieures, cela n’est pas rien. Une capacité maximale de trente mille pouvant être projetée pendant une durée d’un an était l’objectif fixé par le Livre Blanc de Défense et de Sécurité de 2008. Pour autant, le format général des armées est en réduction. La tension sur les effectifs et les équipements est donc forte. Mais ceci regarde l’instrument. Le débat en l’occurrence sur les engagements français à l’étranger n’est pas tant technique ou budgétaire que politique. Pourquoi, où, quand et comment intervenir  ? Les uns réclament une « doctrine » cohérente, prévisible et responsable, qu’ils estiment ne pas exister, les autres critiquent l’idéologie implicite et la dérive « impérialiste » du pouvoir élyséen.
Les ini­tia­tives françaises ont plutôt été bien accueillies par l’opinion française et internationale là où il y a une opinion libre. Les frappes initiales en Libye, la neutralisation des armes lourdes en Côte d’Ivoire, étaient des opérations limitées à leur objet — la protection des civils — et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu, respectivement 1973 (Libye) et 1975 (Côte d’Ivoire). Le président Sarkozy a été apprécié comme un chef des Armées qui décide, dans l’urgence, et l’armée française comme une force d’exécution fiable qui observe les règles internationales désormais très strictes et assorties de sanctions judiciaires. à Benghazi, malgré les bavures de l’aviation de l’Otan, les Français sont toujours choyés comme les premiers alliés. à Abidjan, depuis les morts de 2004, le sentiment antifrançais n’est pas si fort qu’on pour­rait penser. L’action décisive des militaires français pour l’arrestation du président Gbagbo le 11 avril s’est plutôt bien déroulée. Si elle avait eu lieu en 2002, le pays aurait gagné 9 ans. Une telle exfiltration annonce-t-elle une action du même type en Libye  ? Personne ne le souhaite pour l’instant.
Pourtant les situations ont bien des points communs. Les forces « rebelles » en Libye, pro-Ouattara en Côte d’Ivoire, sont faiblement constituées, improvisées, inorganisées. Ce n’est pas seulement la question de l’armement, mais l’encadrement, la discipline, la tactique, tout serait à reprendre. Hier, la coopération militaire française pouvait fournir des instructeurs, des conseillers, des forces spéciales. Il n’en est plus question. Encore moins, en principe, de force combattante, vite qualifiée par les Nations unies de force d’ « occupation » surtout si elle provient d’un seul pays.
Mais l’exemple afghan montre aussi les limites des « coalitions ». En Libye comme en Côte d’Ivoire, il est accepté par l’opinion française que, quelle que soit la couverture, Onu ou Otan, voire européenne, la France soit en première ligne car les intérêts nationaux sont bien perçus. Dans le cas de l’Afghanistan, plus éloigné, où l’intérêt est plus indirect, la participation à la Coalition est plus confusément vécue. Elle a besoin d’être justifiée en permanence, et spécialement à chaque décès au combat.
C’est pour éviter un tel enlisement que les autorités françaises ont forcé le destin en Côte d’Ivoire. Elles savent en effet que si nos forces devaient connaître des revers, si elles n’arrivaient pas à leurs fins, même implicites, et même sans tués, l’alternative serait rapidement entre l’abandon et l’escalade. C’est paradoxalement pour éviter cette dernière que l’arrestation de Gbagbo a été décidée. Un échec dans l’exécution aurait été catastrophique. C’est un succès qu’il faut maintenant gérer au mieux.
[par Yves La Marck, lundi 11 avril 2011, in France catholique]

Chrétiens, indignez-vous !

Tandis que les promoteurs de la culture de mort préfèrent user du dénigrement et de la manipulation plutôt que de l'argumentation rationnelle, les chrétiens revendiquent le droit à l'indignation.

Dans un communiqué intitulé Débattre oui, dénigrer non !!!, le porte-parole de la Conférence des évêques de France a dénoncé la violente tribune de Marc Peschanski et Cécile Martinat publiée dans le journal Le Monde (6 avril), dans laquelle ces chercheurs, spécialistes des cellules souches, mettent « injustement en cause la démarche rationnelle et éthique des catholiques ». Mgr Bernard Podvin déclare : « Débattre est une chose, dénigrer en est une autre. L’Eglise catholique n’a pas ménagé sa participation au dialogue depuis deux ans concernant ces enjeux, avec une qualité reconnue par de nombreux politiques et scientifiques, bien au-delà de la sphère des croyants. Il est inadmissible sous couvert de thèses à défendre d’en caricaturer d’autres en les reléguant dans la catégorie obscurantisme ». Une réponse intitulée L’Eglise a sa place dans les débats sur l’éthique médicale, rédigée par Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris et directeur du Collège des Bernardins et le P. Brice de Malherbe, co-directeur du département d’éthique médicale du Collège des Bernardins a été publiée sur le site internet Le Monde.fr
 
Le 31 mars dernier, à quelques jours de l'ouverture des débats sur les lois bioéthiques au Sénat, Marc Peschanski avait présenté le résultat de ses recherches sur la maladie de Steinert, une dystrophie musculaire. Il avait annoncé « une nouvelle première scientifique grâce aux cellules souches embryonnaires humaines ». Plusieurs associations avaient dénoncé ce procédé manipulateur visant à obtenir la levée du principe d'interdiction de recherche sur l'embryon. En fait, aucun programme de recherches sur l’embryon n’a donné de résultat thérapeutique à ce jour... Interrogé (La Croix, 1er avril) sur l'opportunité des appels à intervenir auprès des élus pour qu'ils défendent la vie, la famille et la liberté éducative, Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes et animateur du groupe de travail épiscopal sur la bioéthique, a répondu : « Pourquoi un catholique serait-il disqualifié parce qu’il croit en Dieu ? Il est un citoyen qui a sa lumière personnelle. Il a le droit de réfléchir et d’exprimer ce que sa raison lui fait découvrir. Il a aussi le droit d’être entendu. Je suis frappé de voir tous ces catholiques engagés aussi bien dans le monde des soignants que des bénévoles auprès des plus fragiles. Ils ont de l’expérience, de l’expertise, ils sont donc autorisés à parler. Ce n’est pas du lobbying, c’est une parole forte qui peut aussi être une colère. Pourquoi les catholiques n’obéiraient-ils pas à cette interpellation : « Indignez-vous !» ?
[in Chrétiens dans la Cité]

mercredi 6 avril 2011

SESSION DE FORMATION A L'O. S. P. TOULON

Avec la notion d’autorité battue en brèche aujourd’hui, commander n’est pas si évident. De nombreux écueils jalonnent la route de celui à qui incombe le commandement. Entre autoritarisme et démission démagogique, se trouvent de nombreuses alternatives. Parmi elles, la conception chrétienne du chef revêt un caractère original, fortement ancrée dans une théologie biblique du service à l’image du Christ, prêtre, prophète et roi. Comment concilier liberté de chacun et obéissance aux supérieurs ? Comment harmoniser l’impératif d’une mission confiée et le bien de chacun de ses subordonnés ? Comment concilier le Bien commun et le bien particulier ? Sinon dans l’ordre qu’induisent ces deux termes. C’est précisément ce que nous rappelle l’exemple du Christ, exemple accompli du serviteur de l’Ancien Testament. Par cet accomplissement du roi serviteur, nous découvrons et distinguons les notions d’autorité face au despotisme, d’ordre face à l’équilibre, de service face à la domination et de Bien Commun face à l’intérêt général. C’est au cœur de ces distinctions que se situent les repèrent pour le chef chrétien. Repères qui sont autant d’éléments de discernement en conscience en vue d’une double mission, celle de l’entreprise à mener et celle du développement intégral de ses subordonnés.
Observatoire Sociopolitique de Fréjus-Toulon.
68, impasse de Beaulieu
BP 518 - 83041 TOULON Cedex 9

vous convie à participer à une session de formation
le samedi 9 avril 2011 à Toulon
sur le thème
"Commander sans asservir, quels repères pour le Chrétien ?"
Renseignements ci-dessous. Bulletin d'inscription ici.

Le Roy Louis XX sur France 2

(Outre le fait que nous regrettons vivement les clichés insultants et propos discriminatoires tenus à l'égard de la Royauté Française dans ce reportage TV.   
L'équipe du site « Légitimité française infos » publie cette information, et tient à préciser   à ses lecteurs qu'elle n'est pas responsable du commentaire écrit au début de la vidéo, mais que celui-ci appartient à l'auteur...
Cette note a été publiée le 05.04.2011
Pour lire la note entièrement, veuillez cliquer sur le lien ci-dessous :

Europe : la population vit plus longtemps, en bonne santé, revigorée par les migrations

Le troisième rapport sur la démographie en Europe vient d'être publié par la Commission européenne, en coopération avec Eurostat.
Alors que dans plusieurs pays, les citoyens s'interrogent sur l'avenir du continent (vieillissement, retraites, croissance économique), ce document fourmille d'informations utiles pour nourrir les débats.
Ses conclusions : les 500 millions Européens vivent de plus en plus longtemps, en meilleure santé, et l'immigration est le facteur essentiel de croissance de la population.
A ce sujet, le rapport souligne une donnée incontournable : "Chaque année, environ 5 millions d’enfants voient le jour dans l’Europe des 27 et plus de 2 millions de personnes immigrent de pays tiers (NDLR : le rapport fait état de 3 à 4 millions d'immigrants chaque année entre 2004 et 2008) . Les naissances dépassent les décès de plusieurs centaines de milliers de personnes chaque année tandis que l’immigration nette est nettement supérieure à un million. En conséquence, l’immigration représente la part la plus importante de la croissance de la population de l’UE."
En 2010, sur 500 millions d'habitants, l'Union européenne à 27 comptait 32,4 millions d'étrangers, soit 6,5% de la population totale.
Le taux de fécondité recommence à augmenter
Après avoir fortement baissé entre 1980 et le début des années 2000, le taux de fécondité a commencé à augmenter à nouveau dans l'UE27 en 2003, où il était de 1,47 enfant par femme, pour atteindre 1,60 en 2008.
Le taux de fécondité a augmenté dans tous les États membres à l'exception du Luxembourg, de Malte et du Portugal.
Durant cette période, les plus fortes hausses ont été observées en Bulgarie (de 1,23 enfant par femme en 2003 à 1,57 en 2009), en Slovénie (de 1,20 à 1,53), en République tchèque (de 1,18 à 1,49) et en Lituanie (de 1,26 à 1,55).
En 2009, les États membres ayant enregistré les taux de fécondité les plus élevés étaient l'Irlande (2,07), la France (2,00), le Royaume-Uni (1,96 en 2008) et la Suède (1,94), ces pays approchant tous le taux de renouvellement3 de 2,1.
Les taux de fécondité les plus faibles étaient observés en Lettonie (1,31), en Hongrie et au Portugal (1,32 chacun) ainsi qu'en Allemagne (1,36).
En 50 ans, l'espérance de vie a augmenté de 10 ans !
Au cours des 50 dernières années, l'espérance de vie à la naissance a augmenté dans l'UE27 d'environ 10 ans tant pour les femmes que pour les hommes, atteignant 82,4 ans pour les femmes et 76,4 ans pour les hommes en 2008.
L'espérance de vie à la naissance a augmenté dans tous les États membres, les plus fortes hausses pour les hommes et les femmes étant enregistrées en Estonie et en Slovénie.
En 2009, l'espérance de vie à la naissance était la plus élevée pour les femmes en France (85,1 ans), en Espagne (84,9 ans), en Italie (84,5 ans en 2008) et à Chypre (83,6 ans), et pour les hommes en Suède (79,4 ans), en Italie (79,1 ans en 2008) ainsi qu'en Espagne et aux Pays-Bas (78,7 ans chacun).
A l'âge de 65 ans, les femmes dans l'UE27 pouvaient espérer vivre 20,7 années supplémentaires et les hommes 17,2 années.
Tout comme l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie à l'âge de 65 ans a également augmenté dans tous les États membres entre 1993 et 2009, les plus fortes hausses tant pour les femmes que pour les hommes étant enregistrées en Irlande.
L'immigration, principal moteur de croissance de la population
32 millions d'étrangers vivaient dans les Etats membres de l'UE27 en 2010, sur une population totale de 500 millions d'habitants.
Ces dernières années, l'immigration a été le principal moteur de croissance de la population dans la plupart des États membres : entre 2004 et 2008, de 3 à 4 millions d'immigrants se sont installés dans l'UE27 chaque année.
La répartition de la population en fonction de la citoyenneté montre qu'en 2010, 32,4 millions d'étrangers vivaient dans un État membre de l'UE27 (soit 6,5% de la population totale), dont 12,3 millions étaient des citoyens d'un Etat membre de l'UE27 vivant dans un autre État membre, et 20,1 millions des citoyens provenant d'un pays en dehors de l'UE27.
En 2010, les plus grands nombres de citoyens étrangers étaient observés en Allemagne (7,1 millions de personnes), en Espagne (5,7 millions), au Royaume-Uni (4,4 millions), en Italie (4,2 millions) et en France (3,8 millions).
Près de 80% des citoyens étrangers dans l'UE27 vivaient dans ces cinq États membres.
Parmi les États membres de l'UE27, le pourcentage le plus élevé de citoyens étrangers dans la population se situait au Luxembourg (43% de la population totale), suivi de la Lettonie (17%), de l'Estonie et de Chypre (16% chacun), de l'Espagne (12%) et de l'Autriche (11%).
Les Européens ont envie de bouger
Concernant la mobilité à l’intérieur de l’UE, la nouvelle enquête Eurobaromètre révèle qu’un répondant sur cinq dans l’UE-27 a travaillé ou étudié dans un autre pays, a vécu avec un partenaire d’un autre pays ou est propriétaire d’un bien situé à l’étranger.
Un répondant sur dix envisage de s’installer dans un autre État membre au cours des dix prochaines années.
[in Maxisciences-Les Infos vertes, dimanche 3 avril 2011]

Sans réformes pas de victoire aux élections

Ce que les politiques français n’ont toujours pas compris c’est que les Français veulent des vraies réformes. C’est pour cela qu’ils avaient choisi Nicolas Sarkozy et c’est parce qu’il ne les a pas faites qu’ils le punissent aujourd’hui.
Les résultats des élections de dimanche ne doivent pas nous étonner. L’abstention massive ou le vote en faveur du FN ne sont pas des scénarios nouveaux. Il faut être aveugle ou avoir été la victime d’un infarctus idéologique pour ne pas réaliser qu’il existe un problème d’insécurité en France dans de nombreuses banlieues et que ce problème est étroitement lié à l’immigration. Mais, en même temps, il ne faut pas chercher les motifs de ce vote (ou de l’abstention) uniquement là. Depuis 1981, aucun parti au pouvoir n’a réussi à gagner les élections législatives deux fois de suite. Sauf en 2007 mais cela est arrivé sur un programme de « rupture ». Lorsque Nicolas Sarkozy a terrassé le FN en 2007, il ne l’a pas fait en menant campagne contre les étrangers. Il a réussi parce qu’il a dit haut et fort que le pays devait être réformé et qu’il fallait changer de modèle. Il avait fait campagne pour la rupture et non pas pour la continuité et il a réussi là où personne n’avait réussi depuis plus de 30 ans : permettre au parti du gouvernement de se maintenir en place après des élections présidentielles. Le message des électeurs est très clair : ils veulent des réformes. Pourtant, les politiques ne le comprennent toujours pas. Seul, Nicolas Sarkozy avait donné l’impression de l’avoir compris. Force est de constater que, après quatre années de présidence, l’envie de réformer le pays ne s’est pas toujours traduite dans les faits et que la déception est grande au sein de ses électeurs. Les réformes des institutions, des retraites, des Universités, des syndicats, du monde du travail, de l’école, de la fiscalité, de l’État ont été faites avec des pincettes sans jamais aller jusqu’au bout. La baisse des dépenses publiques n’a été que très partielle et, au rythme actuel, elle prendra des années pour faire baisser les déficits. Les actions de la majorité – elles ont été nombreuses – à défaut de convaincre, ont souvent créé un sentiment de confusion. D’ailleurs, à un an de la fin du mandat présidentiel, qui peut dire avec certitude, quelles sont les convictions et la vision qui guident l’hôte de l’Élysée ?
(Illustration René Le Honzec parue dans Contrepoints)
La majorité actuelle aurait pu aussi s’inspirer de ce qui s’est passé ailleurs où l’on voit que la volonté de réformer se traduit par des résultats aux élections. Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont profondément transformé leurs pays en demandant aux électeurs beaucoup de sacrifices. La première a été réélue trois fois de suite, le deuxième a conservé son mandat en 1984 en remportant 49 Etats américains sur 50 ! Plus tard, Tony Blair, candidat de la « gauche » britannique a même approfondi les réformes thatchériennes : il fut, lui aussi, réélu trois fois de suite. Aux Pays-Bas, Ruud Lubbers, Premier ministre chrétien-démocrate, a alors procédé à de profondes coupes budgétaires, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la protection sociale, ce qui a permis une spectaculaire réduction des déficits publics. Il a aussi privatisé les télécommunications, les postes, les chemins de fer tout en baissant les impôts. Il est resté au pouvoir de 1982 à 1994. Jean Chrétien, le Premier ministre canadien qui a réduit les budgets des ministères de 18 à 30 % et a licencié des milliers de fonctionnaires, a gagné trois élections législatives de suite entre 1993 et 2000. Pareil en Suède, pays étatisé au bord de la faillite au début des années 1980 et soumis à une cure d’austérité sans précédent et à des privatisations massives (transports, postes, télécommunications, hôpitaux…) par un premier ministre socialiste, Ingvar Carlsson, au pouvoir entre 1986 et 1996. Ces quelques exemples démontrent qu’il ne suffit pas de faire semblant de réformer. Il faut aller jusqu’au bout, montrer une volonté politique sans faille et écouter les électeurs. C’est la clef du succès aux élections.


Articles [parus conjointement dans Contretemps et sur le site de l’IREF] de Bogdan Călinescu (alias Nicolas Lecaussin), essayiste français d'origine roumaine diplômé de sciences politiques et titulaire d'un DEA d'Histoire, il a été rédacteur à l'IFRAP entre 1998 et 2008 et il collabore avec l'Institut Hayek, l'ALEPS (libres.org) ou encore l'Institut Molinari. Il est chargé de cours dans le cadre du master de sciences politiques de l’université de Marne-la-Vallée, fondateur de l'association Junior Entrepreneurs, directeur du développement à l'Institut de Recherche Economique et Fiscale.


Les économistes sont critiqués par les sociologues pour leur référence permanente à l’individualisme.
Il est vrai que la science économique se propose d’étudier les phénomènes collectifs à partir des comportements individuels. Mais cette méthode est efficace ; et les sociologues feraient bien de s’en inspirer.
D’ailleurs les sociologues les plus collectivistes ne parviennent pas à occulter les comportements individuels. Ils ont bien plus tendance à faire de l’individu un être « normalisé », conditionné par son milieu social.
L’économiste, de son côté, aurait intérêt à explorer la façon dont se forment les comportements individuels ; trop d’économistes s’en tiennent à l’autonomie des choix personnels sans comprendre l’origine de ces choix. Cette exploration permettrait de mesurer l’impact du milieu social sur la décision individuelle.
Economistes et sociologues pourraient alors se rencontrer [Economie et sociologie : les fondements communs - Karl-Dieter Opp, enseignant à l'université de Hambourg]

Administrations françaises : rendez l’argent !

Elles coûtent cher et ne rendent pas aux Français les services qu’ils seraient en droit d’attendre. C’est le diagnostic d’un rapport incendiaire de Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République. Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l’IREF [Institut de Recherches Economiques et Fiscales] en commente quelques passages : édifiant !

S’agit-il d’un organisme ultralibéral ? D’une officine néoconservatrice ? Pas du tout.  Ce n’est qu’une très haute autorité publique – le Médiateur de la république - qui vient de remettre au Président de la République un rapport incendiaire sur notre administration.
Ses conclusions sont sans appel : l’administration française est très loin de répondre aux besoins des Français.
En 2010, le nombre d’affaires transmises au Médiateur de la République a augmenté de 3.6 % par rapport à 2009, avec un total de 79 046 affaires reçues. En 2007, le Médiateur a enregistré   6 700 réclamations, en 2009, deux fois plus. Le médiateur, Jean-Paul Delevoye, est inquiet des dérives de ceux qui dirigent les administrations mais aussi des politiques :
« Les politiques, aujourd’hui, suivent l’opinion plus qu’ils ne la guident, tandis que les opinions, soumises aux émotions plus qu’aux convictions, sont volatiles. Cela me désole, cela m’inquiète ! ». Les politiques agissent aussi - et de plus en plus – en fonction des peurs. Ils légifèrent en urgence, obligeant le système administratif à une adaptation rapide et permanente. Or, malgré son monopole et son coût élevé, l’administration ne suit pas.
Il y a d’abord l’inflation des décisions politiques et du droit : « Les politiques publiques sont brouillées par l’empilement législatif » et « chaque année, de nombreuses lois, circulaires et décrets s’ajoutent et se superposent au corpus des textes en vigueur ». En créant la confusion et l’incompréhension chez les Français. Il y a des « normes à peine intégrées et déjà obsolètes », des « régimes dérogatoires », des « arrêtés qui contredisent la loi ». Au lieu de protéger les citoyens, l’inflation de droit crée l’insécurité juridique. Cette instabilité est particulièrement présente dans le domaine de la fiscalité ce qui décourage les entrepreneurs : « Les contribuables, devant cette instabilité juridique, se retrouvent désemparés et peuvent avoir le sentiment d’être floués. Déstabilisés, ils oscillent alors entre résignation et résistance à une politique fiscale qu’ils perçoivent comme injuste, voire arbitraire ». Dans de nombreux cas on a pu observer un acharnement de l’administration en charge du contrôle fiscal à l’égard des contribuables.
                                                (Illustration René Le Honzec parue dans Contrepoints)
A l’inflation des lois s’ajoute leur mauvaise conception, comme en témoigne la loi Dalo (droit au logement opposable) que le Médiateur considère comme inapplicable. Pour ce qui est du travail de l’administration, on constate un retard technique criant du fait de logiciels inadaptés ou d’un manque d’adaptabilité des systèmes informatisés. Et les problèmes sont globaux, voire systémiques.
En France, on fait de petites réformes et de plus on les fait dans la précipitation. Pourtant, la révision de la Constitution de 2008 prévoit que les réformes doivent être précédées d’études d’impact pour mesurer les effets pervers qu’elles pourraient produire. Ce travail est rarement fait (contrairement à ce qui se pratique régulièrement en Grande-Bretagne ou en Suède). Enfin, le Médiateur souligne les nombreux retards de l’administration dans le traitement des dossiers, la diminution des plages horaires d’ouverture, les longues fermetures annuelles (l’absentéisme) et la mauvaise qualité du service rendu.
Dans ses attributions, le Médiateur est doté d’un important pouvoir de proposition de réformes. Il devrait en profiter, et recommander les deux changements majeurs qui pourraient résoudre tous ces problèmes : la suppression du statut des fonctionnaires et l’ouverture des administrations à la concurrence.

2014 : le conseiller territorial, qui sera-t-il (elle) ?

Au-delà des enjeux politiques nationaux, la campagne de terrain des élections cantonales de mars se focalise, pour le Parti socialiste, sur "la défense des territoires" contre le gouvernement. Et pour la droite, sur la sécurité, la réorganisation territoriale, la dépendance.
Avec une difficulté de taille: comment mener une campagne sur fond de réforme des collectivités qui aboutira à... la disparition des conseillers généraux et régionaux en mars 2014 auxquels succèderont les conseillers territoriaux qui demeurent encore, à droite comme à gauche, des ovnis politiques. Les socialistes, eux, affirment qu'ils abrogeront cette réforme en cas de victoire en 2012.
Aujourd'hui, il est légitime de s'interroger sur le futur conseiller territorial... quel sera son profil et, surtout, quelles seront ses relations avec les maires ?
Environ 3.500 élus devraient succéder aux 6.000 conseillers généraux et régionaux en 2014. Profil, emploi du temps, arbitrages... Leur cumul de responsabilités fait débat. Les maires s'interrogent sur leurs relations avec ces nouveaux élus.
C'est peu dire que le conseiller territorial intrigue. Ce nouvel élu, créé par la loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales, devrait cependant succéder, en mars 2014, aux conseillers généraux et régionaux. Sauf si le Parti socialiste remporte la présidentielle en 2012, auquel cas il abrogera la création de cet "ovni politique" qu'il juge anticonstitutionnel, à l'instar de quelques juristes.
A l'inverse, le gouvernement estime que le conseiller territorial permettra de "faire confiance à un élu local, au plus près de la réalité des territoires, pour clarifier les compétences et les interventions des départements et des régions et organiser leur complémentarité".
L'objectif du législateur est aussi de réaliser des économies (chiffrées à 77 millions d'euros par an dans l'exposé des motifs du projet de loi) sur le montant des indemnités versées aux élus puisque leur nombre sera quasiment divisé par deux. Ce qui est loin d'être acquis compte tenu du rôle des suppléants.
Quel profil ?
Il devrait s'agir la plupart du temps d’un homme d’une soixantaine d’années.
Le mode de scrutin retenu (uninominal majoritaire à deux tours) risque en effet de diminuer le nombre de femmes présentes dans les conseils généraux et régionaux, au grand dam des délégations aux droits des femmes de l'Assemblée nationale et du Sénat. Ces dernières soulignent en effet que les conseils généraux, qui fonctionnent aussi sur un scrutin majoritaire à deux tours, "ne comptent que 12,3% de femmes et constituent les assemblées les plus masculinisées de France".
Il faudrait en outre ne pas être trop âgé, compte tenu du double mandat.
De l'avis de tous, le futur conseiller territorial n’aura en effet probablement plus le temps d’exercer une activité professionnelle et le mandat ne "conviendra pas à ceux qui ont envie d’enfiler leurs pantoufles à 17h30", selon l’expression de Bruno Sido, président (UMP) du conseil général de la Haute-Marne.
"Une réunion de deux heures trente à la région l’obligera à prendre sa journée complète", estime Claudy Lebreton, président de l’Assemblée des départements de France (ADF).
En quelques mots, le conseiller territorial sera "un super-professionnel de la politique. Et ce, davantage que le député, alors que la France compte déjà trop de professionnels de la politique", souligne Jean-Pierre Balligand, maire de Vervins (02) et 1er vice-président de l’Association des petites villes de France (APVF).
Les plus optimistes pointent des avantages pour la vie démocratique. Jacques Pélissard, président de l’Association des maires de France (AMF), espère ainsi qu’"émergera une génération nouvelle d’hommes et de femmes investis dans les affaires publiques, qui pourront ensuite briguer des responsabilités nationales".
Quelle serait son organisation du travail ?
Les partisans du conseiller territorial se veulent rassurants. "Je suis bien à la fois parlementaire et maire. C’est une question d’organisation", souligne par exemple Jean-Patrick Courtois, sénateur-maire (UMP) de Mâcon (71).
Selon Bruno Sido, un grand nombre d’élus ont d’ores et déjà décidé de se consacrer exclusivement à leurs fonctions représentatives. "La sociologie des conseils généraux s’est modifiée ces dernières années. Lorsque je suis arrivé, on comptait encore plusieurs professions libérales, alors qu’aujourd’hui il ne reste qu’un ou deux médecins ou avocats."
Avec le double mandat, des ajustements dans l’organisation quotidienne seront nécessaires. Si certains plaisantent en recommandant d’investir dans une caravane pour travailler sur les routes, il est évident que les transports mobiliseront plus de temps. Jean-Pierre Balligand craint que ce soit le personnel administratif qui gère les dossiers. Pour Claudy Lebreton, une solution incontournable consistera à instaurer une sorte d'"attaché territorial" pour le nouvel élu.
Quelles implications matérielles
Dans ce contexte, les économies envisagées par le gouvernement sur les indemnités des élus paraissent illusoires.
"Les conseillers territoriaux et leurs suppléants, qui auront un rôle clé, devront être indemnisés, bénéficier d’un système de retraite, etc., comme les parlementaires", tempête Marie-Françoise Pérol-Dumont, présidente (PS) du conseil général de la Haute-Vienne. Les hémicycles régionaux devront aussi être agrandis. "Même à deux ou trois par bureau, cela demandera des aménagements", souligne Claudy Lebreton. "Les coûts de fonctionnement vont s’envoler.
En Bourgogne, le nombre de conseillers va passer de 57 à 135, qu’il va falloir loger, transporter, indemniser", résume François Patriat, président (PS) de la région.
L'Association des régions de France (ARF) a chiffré à environ 600 millions d’euros le coût total lié aux aménagements nécessaires.
Quelles relations avec les citoyens et les Maires ?
"Les conseillers territoriaux seront identifiables et les électeurs pourront s’adresser à eux. Actuellement, ils le font éventuellement avec l’exécutif régional mais jamais avec l'élu concerné", souligne Jacques Pélissard.
Pour certains, les relations avec les citoyens seraient demain assez proches de celles qui prévalent avec un conseiller général: "En milieu rural, un élu très présent et en milieu urbain, pas très visible", prédit Philippe Bluteau, avocat à la Cour.
"Les habitants ne sauront pas plus qui est leur conseiller territorial. Aujourd’hui, peu connaissent leurs élus, excepté leur maire et leur député -si celui-ci est aussi leur maire", estime Jean-Pierre Balligand.
"Pour les élus locaux, il n’y aura plus à s’inquiéter de savoir si la réponse vient du conseil général ou du conseil régional. Le nouveau système gagnera en efficacité pour les maires et les entreprises", affirme Jean-Patrick Courtois.
"Le maire aura un interlocuteur unique qui apportera une réponse cohérente car les périmètres d’intérêt ne se chevaucheront plus entre la région et le département", confirme Jacques Pélissard. De nombreux acteurs redoutent cependant que le clientélisme de proximité se maintienne.
Quelles implications matérielles ?
Les craintes portent essentiellement sur la disparition d’un argumentaire régional. Avec des nuances toutefois. Philippe Petit, avocat, redoute que le localisme prenne le pas. "Il était très difficile de vendre une idée régionale et cela va intéresser encore moins." "Le conseiller territorial ne va pas faire une campagne pour une sphère qui ne l’élit pas. La campagne électorale ressemblera à celle d’un conseiller général", confirme Philippe Bluteau. D’autres prédisent une campagne très politique, "car il y aura davantage de concurrence", souligne Jacques Pélissard. Le programme portera sur la politique régionale, mais selon lui "traitée du point de vue de l’intérêt des cantons". Ainsi, concernant le développement économique, les arguments seront développés "dans la perspective de les voir appliqués (une antenne de l’université) - ou pas (une nouvelle ligne de chemin de fer par exemple) - dans le canton", selon Philippe Bluteau.
Au quotidien, "le conseiller territorial sera dans l’impossibilité de faire la synthèse entre région et département pour la simple raison que 85% des compétences de ces collectivités sont distinctes, affirme Didier Arnal, président du conseil général du Val-d’Oise. Comment arbitrera-t-il entre la création d’un gymnase et un projet de recherche? C’est mission impossible".
Le département pourrait tirer son épingle du jeu au détriment de la région.
"Un responsable politique a tendance à raisonner en fonction de la circonscription où il est élu. Les conseillers territoriaux seront dans l’état d'esprit de conseillers généraux qui vont se retrouver conseillers régionaux. Je ne les vois pas passer leur vie à la région; quand on est élu sur 20 communes, on défend la population et les maires de son canton", estime Philippe Bluteau.
Avis d'expert - "Le conseiller sera en permanence écartelé entre les différents intérêts" Entretien avec Géraldine Chavrier, professeur de droit public à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne et avocate (cabinet Fidal).
Le Courrier - Selon vous, le conseiller territorial aurait pu être considéré comme inconstitutionnel (1). Pourquoi ?
Selon moi, le moyen sur l'atteinte à la distinction constitutionnelle entre départements et régions était valable. Le législateur a créé une fusion qui ne dit pas son nom. Deux catégories de collectivités subsistent bien, mais elles sont administrées par une seule et même catégorie d'élus, qui représentent les départements mais pas les régions.
Un autre moyen, que j'ai le plus défendu et qui me paraît juste, est la violation du principe d'interdiction de tutelle d'une collectivité sur une autre. Par exemple, concernant la compétence régionale de développement économique, chaque élu sera tenté de défendre l'implantation d'une entreprise sur son département et mettra à mal la décision régionale qui aurait dû viser l'harmonisation du développement sur le territoire.
Le Conseil constitutionnel se prononce sur l'absence de tutelle des régions sur les départements, mais pas sur le cas inverse, dont il a été saisi. Il donne une définition de la tutelle qui ne me semble pas acceptable. Il s'appuie sur celle de la tutelle de l'Etat sur les collectivités d'avant 1982, interdisant de s'opposer à une décision, de la contrôler, etc., qui ne convient pas pour les collectivités entre elles. Le Code général des collectivités territoriales interdit d'ailleurs toute forme de tutelle, ce qui sous-entend que la tutelle peut prendre plusieurs formes.
Le Courrier -Comment envisagez-vous le quotidien du conseiller territorial ?
Une des premières caractéristiques des futurs élus est la défense des intérêts départementaux. L'intérêt régional ne sera que la somme de ces derniers. Il existera une sorte de schizophrénie du conseiller, en permanence écartelé entre ces différents intérêts. Le clientélisme sera aussi beaucoup plus important. Le conseiller sera tiraillé par plusieurs puissances locales : entreprises, associations, etc. Son travail deviendra extrêmement complexe. Par ailleurs, nous ne savons pas trop comment se posera le droit de cumuler des mandats en 2014.
Le Courrier -Existe-t-il un équivalent de cet élu dans un autre pays ?
Ce système n'existe nulle part ailleurs, comme l'a conclu mon collègue Gérard Marcou dans un livre à paraître (2). Une assemblée locale peut élire les membres d'une assemblée du niveau supérieur, comme en Espagne où les élus des provinces le sont au suffrage universel indirect par les conseillers des communes. Mais c'est très différent. Et même ce système est très rare.

(1) Lire l'AJDA (21/12/2009) : "Les conseillers territoriaux : questions sur la constitutionnalité d'une création inspirée par la Nouvelle-Calédonie", pp. 2380 à 2384.
(2) Article "La réforme des collectivités territoriales, une exception française", in "Réformes et mutations des collectivités territoriales", L'Harmattan.

in Le Courrier des Maires - Agathe Vovard - 15 mars 2011