Aviez-vous lu lors de l’ouverture des “Etats généraux de la presse écrite” à l’Elysée qui nous valut à ce moment une avalanche de commentaires affligés sur la situation des grands quotidiens français, menacés de disparition pure et simple face à la concurrence de l’audiovisuel, d’internet et des journaux gratuits.
Alors que toute la presse écrite, dans les autres pays du monde, résiste aux mêmes pressions de l’environnement, sans menace pour sa propre survie. Pourquoi la France fait-elle exception ?
La réponse passe d’abord par l’histoire de la Libération : en 1944, le Gouvernement Provisoire concède le monopole d’embauche pour la composition typographique et la fabrication des quotidiens au “Syndicat du Livre” de la CGT. Trois ans plus tard, en 1947, un autre monopole est établi, toujours au profit des courroies de transmission du Parti Communiste, sur la distribution des journaux : celui des NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne). Aujourd’hui encore, ces deux brontosaures peuvent bloquer sans préavis la fabrication et la distribution des journaux dans tous les points de vente du territoire national.
Le Mur de Berlin est tombé depuis bientôt dix-huit ans, mais les militants de la CGT règnent encore en maîtres absolus sur les procédés de fabrication, le volume des effectifs, le temps de travail et le montant des salaires dans les imprimeries de nos quotidiens, où un rotativiste bénéficie d’un revenu net trois fois supérieur à celui du marché. Il en résulte que les coûts d’impression et de diffusion des quotidiens nationaux, en France, s’établissent à plus du double de celui des autres pays européens !
Comme il est impossible d’en faire supporter le poids au lecteur (ni d’en révéler le scandale), les patrons de la presse française ont fini par trouver normal de vendre leurs journaux très au-dessous de leur prix de revient en exploitant les ressources des recettes publicitaires: 50 à 80% de leur chiffre d’affaires dépend désormais des annonceurs, qui peuvent décider du jour au lendemain de faire évoluer les “plans médias” en reportant sur d’autres supports l’essentiel de leurs investissements.
Sous la crise “économique” de la presse, le principal problème est donc bien celui d’un monopole anachronique, liberticide et ruineux. Le paradoxe serait bien que cette question proprement politique soit la seule que les “Etats généraux de la presse écrite” convoqués par le Président de la République ne s’attachent pas à régler. Le long discours inaugural de Nicolas Sarkozy, le 2 octobre, y fait deux allusions si discrètes et si contradictoires qu'elles auraient plutôt tendance à inviter tout le monde à faire prudemment l'impasse du sujet.
La réponse passe d’abord par l’histoire de la Libération : en 1944, le Gouvernement Provisoire concède le monopole d’embauche pour la composition typographique et la fabrication des quotidiens au “Syndicat du Livre” de la CGT. Trois ans plus tard, en 1947, un autre monopole est établi, toujours au profit des courroies de transmission du Parti Communiste, sur la distribution des journaux : celui des NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne). Aujourd’hui encore, ces deux brontosaures peuvent bloquer sans préavis la fabrication et la distribution des journaux dans tous les points de vente du territoire national.
Le Mur de Berlin est tombé depuis bientôt dix-huit ans, mais les militants de la CGT règnent encore en maîtres absolus sur les procédés de fabrication, le volume des effectifs, le temps de travail et le montant des salaires dans les imprimeries de nos quotidiens, où un rotativiste bénéficie d’un revenu net trois fois supérieur à celui du marché. Il en résulte que les coûts d’impression et de diffusion des quotidiens nationaux, en France, s’établissent à plus du double de celui des autres pays européens !
Comme il est impossible d’en faire supporter le poids au lecteur (ni d’en révéler le scandale), les patrons de la presse française ont fini par trouver normal de vendre leurs journaux très au-dessous de leur prix de revient en exploitant les ressources des recettes publicitaires: 50 à 80% de leur chiffre d’affaires dépend désormais des annonceurs, qui peuvent décider du jour au lendemain de faire évoluer les “plans médias” en reportant sur d’autres supports l’essentiel de leurs investissements.
Sous la crise “économique” de la presse, le principal problème est donc bien celui d’un monopole anachronique, liberticide et ruineux. Le paradoxe serait bien que cette question proprement politique soit la seule que les “Etats généraux de la presse écrite” convoqués par le Président de la République ne s’attachent pas à régler. Le long discours inaugural de Nicolas Sarkozy, le 2 octobre, y fait deux allusions si discrètes et si contradictoires qu'elles auraient plutôt tendance à inviter tout le monde à faire prudemment l'impasse du sujet.
©Emmanuel Barbier/Sedcontra, octobre 2008
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