Le chef de l’Etat a mis un terme mercredi au sentiment de division, involontaire ou calculé, entre les ministres, les parlementaires, le parti sur la stratégie à adopter en cas de duel entre la gauche et le FN.
Mercredi, en Conseil des ministres, Nicolas Sarkozy a adressé un rappel à l’ordre aux membres du gouvernement. Officiellement, le chef de l’Etat n’a pas explicitement parlé des cantonales – le Conseil des ministres n’est pas le bureau politique de l’UMP – mais le message était explicite après la prise de position individuelle et échelonnée de huit ministres en faveur d’un vote PS en cas d’absence de l’UMP au second tour.
Nicolas Sarkozy a dit trois choses :
1. Un ministre, avant de faire de la politique, est là pour s’occuper des problèmes concrets des Français dont son portefeuille lui confie la charge.
2. Un ministre n’est pas là pour avoir des positions individuelles, il est là pour respecter et défendre des décisions collectives.
3. Plutôt que de répondre aux polémiques imposées par l’opposition, défendez l’action du gouvernement car, a-t-il souligné, cette action commence à porter ses fruits.
Le ton du chef de l’Etat était calme, mais son intention était ferme : siffler la fin de la récréation, c’est-à-dire mettre un terme au sentiment de division, involontaire ou calculé d’ailleurs, entre les ministres, les parlementaires, le parti sur la stratégie à adopter en cas de duel entre la gauche et le FN.
La mise au point concernait tous les ministres, dit-on à l’Elysée, en précisant « du premier au dernier », une manière de faire comprendre que le Premier ministre, n’échappe pas à l’ire présidentielle. Un François Fillon suspecté non pas d’avoir dit autre chose que le président de la République, mais d’avoir laissé prospérer les commentaires laissant entendre que sa position était plus claire à l’égard du Front national que celle de Nicolas Sarkozy. Ça, le chef de l’Etat n’a pas du tout aimé.
L’UMP peut-elle encore corriger le tir d’ici à dimanche pour ne pas donner le sentiment d’être divisé sur la question du FN ? C’est maintenant, et on peut dire enfin, le vœu de tous dans la majorité. Les violons sont accordés. La ligne est désormais exprimée de manière commune : pas de vote FN, un vote PS si celui-ci est « acceptable » pour reprendre le mot d’Alain Juppé ou sinon, un vote blanc, par exemple à Marseille où le soupçon des affaires plane sur la gauche ou dans quelques endroits où c’est le Parti communiste qui représente la gauche.
Et surtout, d’ici à dimanche, la majorité sonne la contre attaque contre la gauche. En dénonçant d’une part les procès d’intention. Car, après tout ni le RPR ni l’UMP n’ont jamais fait alliance avec le Front national. En 1998 la droite avait même préféré, sauf dans de rares cas qui avait fait scandale, laisser des régions à la gauche qu’accepter les voix des élus FN.
François Fillon a rappelé que c’est François Mitterrand qui avait fait entrer les amis de Jean-Marie Le Pen à l’Assemblée nationale en 1986.
Christian Jacob faisait remarquer mercredi que dans les cantons de son département où c’était l’UMP qui se retrouvait en duel avec le FN, il n’avait pas entendu le PS appeler à voter UMP.
Bref avoir été avoir été sur la défensive pendant une semaine, l’UMP redécouvre les vertus de l’offensive. Peut-être aurait-elle dû y penser dès le début.
24/03/2011 | 09:20 | Guillaume Tabard | Les Echos
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