"Les humanistes autoproclamés ne voient pas ceux qui souffrent. Sinon cela se saurait, depuis le temps que les Français oubliés tentent de se faire entendre. Ces citoyens ne donneront plus leurs voix à ceux qui, à droite et à gauche, ont instrumentalisé la morale en se payant de mots. Il est désolant que ces électeurs, méprisés par les apôtres du respect de l'autre et de la non-discrimination, choisissent l'abstention ou le FN, les deux vainqueurs du premier tour des cantonales. Mais leur rejet des donneurs de leçons, désavoués par les faits, ne peut être considéré comme une menace pour la République et la démocratie, comme le disent ceux qui se serrent les coudes face à la riposte du peuple. Il sera le nouvel acteur de la politique.
Monsieur Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République, côtoie la détresse.
Dans son rapport, lundi, il explique que la société souffre d'une "crise du regard", c'est-à-dire du sentiment de ne pas exister aux yeux de ses dirigeants : une constatation souvent faite.
Son diagnostic pointe implicitement l'indifférence que montrent les belles âmes, fascinées par l'altérité, pour ces Français qui s'estiment abandonnés (pour 40 %, selon un sondage).
"Ils demandent qu'on les écoute", rappelle Jean-Paul Delevoye, qui alerte sur le risque d'implosion d'une nation atteinte d'un "mal-vivre ensemble".
Pourquoi droite et gauche ne voient-elles pas ces évidences ? Le sentiment d'injustice, mesurable depuis le 21 avril 2002, s'exprimera à nouveau dimanche pour le second tour."
Par ailleurs (tentative de réponse ou perplexité ) :
Le ministre de l'Intérieur va se doter de plusieurs porte-parole.
Cette structure sera même plus étoffée qu'auparavant, avec sans doute un intervenant par grand secteur d'activités : pour l'immigration, pour les affaires routières et l'institutionnel, et, enfin, pour la police et la gendarmerie.
L'un d'entre eux pourrait être chef de file. Il sera choisi avec une attention toute particulière, la fonction réclamant parfois de réagir à chaud sur les plateaux de télévision ou les radios. Il devra avoir un profil d'homme ou de femme familier des médias. «Il y a bien longtemps que les pays anglo-saxons pratiquent cette forme de communication. Ce qui avait été mis en place à Beauvau depuis quelques années doit être pérennisé et amélioré», confie un haut fonctionnaire du ministère. Un proche collaborateur de Claude Guéant le dit: «Ceux qui espèrent voir le ministre de l'Intérieur se précipiter devant les caméras à chaque fait divers vont être déçus.»
De Madrid à Paris, de l'immigration à la laïcité, l'hôte de Beauvau a ouvert cette semaine nombre de chantiers, ses propos suscitant parfois des polémiques.
«Tout cela est artificiel», assure-t-on à son cabinet.
L'ancien secrétaire général de l'Élysée est, en tout cas, marqué au plus près par une opposition qui le teste et attend le premier vrai faux pas. Toucher Guéant, c'est viser Sarkozy au cœur, raisonnent ses adversaires. L'ancien bras droit du président de la République n'ignore rien de cette stratégie, mais il veut, dit-on dans son entourage, «avancer à son rythme.»
Et autrement :
"Il y a trois types de livres sur la crise ...
Ceux qui expliquent doctement que cette crise est bien la preuve qu’il faut en finir avec le capitalisme, le libéralisme, les riches, la spéculation, et qu’il faut «remettre l’économie au service de l’homme».
Ceux qui s’efforcent de démontrer que la crise est passée, que ce n’était d’ailleurs qu’un problème de confiance, que tout va bien, et que quoiqu’il arrive, «un État ne peut pas faire faillite».
Enfin, ceux, plus rares, qui exposent méthodiquement et objectivement les raisons et les développements de la crise.
Le livre de Philippe Herlin (EYROLLES, septembre 2010) fait partie de cette dernière catégorie. Avec un plan très didactique, l’auteur, chercheur en finance et enseignant au CNAM, analyse le chemin qui a amené l’État français vers le surendettement. Herlin décortique ainsi 35 ans d’hémorragie budgétaire, liste les mécanismes de dissimulation des déficits, et explique le fonctionnement des structures si discrètes d’amortissement de la dette (SAAD, CADES, ACOS…)
La force de ce petit ouvrage très accessible, est de revenir sur l’histoire de l’endettement, de préciser le rôle de l’agence France Trésor, de faire le chiffrage précis et décomposé de la dette, mais également de pointer les risques que l’État fait encourir à l’économie française, et les menaces très sérieuses que fait peser le surendettement sur la prospérité et la pérennité de notre société. [...] Chiffres à l’appui, il analyse par exemple la question fondamentale de la maturité de la dette, en indiquant que depuis la crise de 2007, l’Agence France Trésor (AFT) a privilégié l’emprunt à court terme pour minimiser la charge de la dette, augmentant ainsi son exposition au risque. Ce choix va contraindre l’AFT à revenir plus souvent sur les marchés sous le couperet de la dégradation de la note des obligations françaises, rendant la capacité d’endettement de l’État français tributaires de l’évolution des taux d’intérêts. En effet, presque mécaniquement, quand une note baisse, les taux d’intérêts accordés à l’organisme noté montent, pour compenser le risque.
Philippe Herlin calcule ainsi que d’ici 2012, l’État va devoir lever sur les marchés 429 milliards d’euros, en plus des déficits budgétaires des deux prochaines années, soit (au rythme désormais de croisière de 100 milliards d’euros par an) plus de 600 milliards d’Euros. La moindre hausse des taux sur une telle somme alourdirait ainsi considérablement le poids déjà très lourd du remboursement des intérêts de la dette. [...]
Philippe Herlin ne propose aucune solution miracle, mais invite au réalisme, et plaide efficacement pour l’urgence du redressement de cap."
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