A Guillaume des Autels gentilhomme charrolois
Si ne voy-je pourtant personne qui se pousse
Sur le haut de la breche et l'ennemy repousse,
Qui brave nous assault, et personne ne prend
La picque, et le rempart brusquement ne deffend :
Les peuples ont recours à la bonté celeste,
Et par priere à Dieu recommandent le reste,
Et sans jouer des mains demeurent ocieux :
Cependant les mutins se font victorieux.
Las ! pauvre France, helas ! comme une opinion
Diverse a corrompu ta premiere union !
Tes enfans, qui devroyent te garder, te travaillent,
Et pour un poil de bouc entre eulx mesmes bataillent,
Et comme reprouvez, d'un courage meschant
Contre ton estomac tournent le fer tranchant !
France, de ton malheur tu es cause en partie,
Je t'en ay par mes vers mille fois advertye,
Tu es marastre aux tiens, et mere aux estrangers,
Qui se mocquent de toy quand tu es aux dangers :
Car la plus grande part des estrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent.
Donne que les enfans des enfans yssus d'eux
Soyent aussi bons Chrestiens, et aussi vaillans qu'eux,
Plus grands que nulle envye : et qu'en paix eternelle
Ils puissent habiter leur maison paternelle.
Ou si quelque desastre, ou le cruel malheur
Les menace tous deux, jaloux de leur valeur,
Tourne sur les mutins la menace et l'injure,
Ou sur l'ignare chef du vulgaire parjure,
Ny digne du soleil, ny digne de tirer
L'air, qui nous faict la vie es poulmons respirer.
Elégie sur les troubles d'Amboise (1560) - dans "Discours, Derniers vers"
Soyent aussi bons Chrestiens, et aussi vaillans qu'eux,
Plus grands que nulle envye : et qu'en paix eternelle
Ils puissent habiter leur maison paternelle.
Ou si quelque desastre, ou le cruel malheur
Les menace tous deux, jaloux de leur valeur,
Tourne sur les mutins la menace et l'injure,
Ou sur l'ignare chef du vulgaire parjure,
Ny digne du soleil, ny digne de tirer
L'air, qui nous faict la vie es poulmons respirer.
Elégie sur les troubles d'Amboise (1560) - dans "Discours, Derniers vers"
Pierre de Ronsard est né en septembre 1524 au manoir de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois ; c'est l'un des poètes français les plus importants du XVIe siècle : « Prince des poètes et poète des princes » dont la carrière diplomatique prometteuse initiale fut subitement interrompue, une otite chronique qu’aucun médecin ne put guérir l’ayant laissé à moitié sourd ; il mourut le 28 décembre 1585 au Prieuré de Saint-Cosme en Touraine.
Ronsard, Du Bellay, Baïf, Rémy Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle Jacques Peletier du Mans et à la mort de ce dernier, Jean Dorat … composèrent La Pléiade (ou Brigade, comme elle s’appelait à ses débuts)
En 1563, poète engagé, il publia une Remontrance au peuple de France
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