Il est temps de nous guérir de bien mauvaises habitudes si nous voulons vraiment sortir l’école de l’ornière :
➡ Guérir de notre prétention bien française à croire notre système éducatif au-dessus de toute comparaison internationale, arrogance qui nous empêche de profiter des expériences étrangères et nous condamne à un huis clos franco-français où les lectures idéologiques priment l’humble analyse des faits.
➡ Guérir d’un certain atavisme centralisateur qui compromet toutes les réformes, dont la récente proposition d’accorder des primes aux proviseurs. Les directeurs d’école ne sont pas des exécutants ; ils sont l’autorité décisionnaire normale de l’échelon de décision normal qu’est l’établissement scolaire. Osons enfin fonder l’organisation scolaire de notre pays sur le principe de subsidiarité !
➡ Guérir de notre passion égalitariste, si bien dépeinte par Tocqueville. Notre offre scolaire est trop peu diversifiée. Trop d’enfants ne sont pas adaptés à l’école qui leur est imposée. Conséquences ? Echec scolaire, nivellement par le bas. Prenons enfin en compte la singularité des enfants découlant de la diversité de leurs aptitudes et de leurs aspirations ! ➡ Guérir de notre vision individualiste de l’éducation. Pour se préparer aux exigences de la vie dans la Cité, rien de tel que de prendre ses marques dans la microsociété qu’est la communauté scolaire, forte de ses codes et de ses valeurs positives clairement exprimées. Osons nous mettre à l’école des public schools britanniques.
➡ Guérir enfin de notre complaisance à l’égard des idéologies du moment -- jeunisme, relativisme, matérialisme… -- qui sapent les fondements mêmes de l’institution scolaire. L’école doit s’affirmer fièrement comme un sanctuaire du savoir, de la culture et de la vie de l’esprit, tels les monastères aux temps barbares (sont-ils si éloignés ?). Ce faisant, nul doute qu’elle ne sera guère en phase avec les valeurs dominantes. Il faudra assumer ce décalage : pour renaître, l’école devra être, de manière totalement décomplexée, un lieu de contre-culture !
➡ Guérir enfin de notre complaisance à l’égard des idéologies du moment -- jeunisme, relativisme, matérialisme… -- qui sapent les fondements mêmes de l’institution scolaire. L’école doit s’affirmer fièrement comme un sanctuaire du savoir, de la culture et de la vie de l’esprit, tels les monastères aux temps barbares (sont-ils si éloignés ?). Ce faisant, nul doute qu’elle ne sera guère en phase avec les valeurs dominantes. Il faudra assumer ce décalage : pour renaître, l’école devra être, de manière totalement décomplexée, un lieu de contre-culture !
L’État a annoncé qu’il supprimerait 2500 emplois dans l’enseignement privé sous contrat d’ici à 2013. Comme ces professeurs-là sont tous devant les élèves, cela signifie qu’il faudra fermer partout en France des écoles catholiques. Le Secrétaire général l’a dit avec solennité lors de sa conférence de rentrée : il sera contraint de fermer «1000écoles, 100collèges et 70lycées, environ, d’ici à 2013». «Ce n’est plus le signal d’alarme, mais le tocsin, qu’il sonne aujourd’hui», constate le journal Famille Chrétienne (n°1709). N’était-ce pas pour bénéficier de la garantie d’un financement pérenne de ses établissements que l’Église de France avait choisi, sur la base de la loi Debré de 1959, de pousser les écoles catholiques à contractualiser avec l’État et donc à perdre, nécessairement, une partie significative de leur précieuse liberté ? La remise en question de l’engagement financier de l’État contraint donc les écoles privées sous contrat1à mettre au point sans délai une nouvelle stratégie. La Fondation pour l’école est solidaire de toutes ces écoles car elle est convaincue qu’il ne peut y avoir de société réellement libre sans liberté scolaire, de même qu’il ne peut y avoir d’éducation à la liberté sans enseignement libre. La crise actuelle appelle des solutions audacieuses, non un simple replâtrage. Ce serait reculer pour mieux sauter.
Deux pistes nous semblent envisageables immédiatement : ouvrir des classes hors contrat au sein des établissements dits sous contrat pour scolariser tous les enfants qui le demandent, et transformer en établissements hors contrat les établissements menacés de fermeture pour assurer la continuité du service aux familles2. Les équipes éducatives y gagneront au passage la flexibilité qui leur manque tant aujourd’hui. La Fondation pour l’école se met à la disposition des directeurs et professeurs concernés pour les y aider. Au-delà de cette réponse de court terme, nul doute qu’il faille renégocier le cadre contractuel avec l’État en obtenant le chèque éducation, meilleur garant de la liberté de l’éducation, de l’intérêt financier de l’État et de la performance de tous, publics comme privés.
1.… et les structures qui les conseillent : directions diocésaines de l’Enseignement catholique, Fédération des écoles privées laïques sous contrat, Fonds social juif unifié…
2. Nous rappelons que le contrat se passe avec le directeur de l’établissement, pour une ou plusieurs classes données, et pas nécessairement pour tout l’établissement. Il existe déjà plus d’un établissement dit sous contrat à recourir à cette solution de la création de classes hors contrat pour accueillir les enfants sur liste d’attente malgré le refus de l’État d’ouvrir des classes sous contrat supplémentaires.
Anne Coffinier, directrice et cofondatrice de la Fondation pour l’école
anne.coffinier@fondationpourlecole.org
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