Préface
Ya-t’il une politique chrétienne ? Beaucoup le nient.
Mais comment supposer que le christianisme qui, par ses principes et l’influence qu’il exerce, touche aux arts, aux lettres, aux sciences, soit indifférent à la marche des affaires humaines ?
La distinction des deux puissances implique l’union de la société civile et de la société religieuse. Cette union parfaite constituerait la perfection ici-bas. Sans être réalisée complètement, l’union a toujours été acceptée par les peuples chrétiens comme le but à atteindre et la vérité fondamentale de l’ordre politique. Que les passions, les préjugés, aient souvent écarté l’humanité de sa voie, il n’en est pas moins vrai que c’est seulement dans ces derniers temps que la politique a arboré le drapeau de la séparation.
Depuis 1789 nous sommes lancés dans la politique athée : les nations se sécularisent, se dépouillent de tout caractère religieux. Chaque révolution accélère cette décadence. Nous voyons disparaître les derniers débris de la société chrétienne. Les intérêts ont suivi la même route que les idées, et la politique s’est rabaissée à ce niveau. Dans les académies, il est interdit d’invoquer la Bible : l’histoire a secoué le joug des traditions et de l’autorité. La physique écarte la main de Dieu : les savants croient à l’horloge sans croire à l’horloger. Les lois de l’Eglise sont non avenues. La politique ignore la religion. Le système de séparation se réalise dans tous les ordres de connaissances humaines. Il n’y a pas à se faire illusion : au fond c’est l’athéisme pratique.
Mais si Dieu est, s’Il a créé le monde et donné une règle à l’homme, l’homme demeuré fidèle à Son Créateur a dû constituer une science, des intérêts, une société en rapport avec ses destinées. Entre la pensée et l’action, le divorce est impossible. Les usages, les coutumes développés par la vie d’un peuple chrétien forment à la longue un ensemble de faits qui reposent sur des principes faciles à reconnaître. Le publiciste et l’historien en déduisent aisément la politique chrétienne.
Nous nous proposons d’étudier cette politique, d’en noter les points principaux, à travers le cours des siècles et les vicissitudes des empires.
L’époque actuelle tend à la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Autant vaut réclamer la séparation de l’âme et du corps. Une société n’est pas une juxtaposition de parties hétérogènes ; tout s’y lie et s’enchaîne pour former un tout. Le christianisme saisit l’homme tout entier ; il règle ses pensées, ses paroles et ses actes. La société se compose d’individus et de familles, elle n’est même que la famille agrandie. Elle applique, elle aussi, dans une mesure déterminée par la prudence les principes qui dirigent les individus et les familles.
La France n’a jamais ouvertement rompu avec une politique chrétienne. Nous ne disons pas que sa politique a toujours été bonne ; en fait, elle a souvent été peu chrétienne. Quand le gouvernement a nui à l’Eglise, c’est par ruse et avec hypocrisie. Si nous voulons nous arrêter sur la pente révolutionnaire, nous sommes obligés d nous rattacher aux sentiments religieux. La stabilité est là et non ailleurs. Tomber dans la révolution, ou revenir à l’union du Sacerdoce et de l’Empire, [comme de la Royauté, NDLR] tel est le problème posé devant la génération contemporaine. Mais comment prouver aux hommes que les intérêts qui leur sont les plus chers aujourd’hui n’ont jamais été condamnés ou combattus par l’Eglise ? L’histoire et l’économie politique ont été falsifiées par l’esprit révolutionnaire. De là ce mépris ignorant qu’on ne craint pas de déverser sur les siècles chrétiens et les institutions écloses au souffle de l’Eglise. La polémique quotidienne nous a souvent forcés à remonter aux sources, sonder les origines. Et qu’avons-nous trouvé ? Les intérêts sociaux protégés et fortifiés par la religion, les classes populaires élevées par elle à une dignité inconnue dans l’antiquité profane. L’agriculture, le commerce, l’industrie, le droit des gens, le droit de propriété, le principe de l’hérédité, la modération du pouvoir sont autant de créations du christianisme. Ce que les nations protestantes conservent de mieux, c’est ce qu’elles retiennent des temps antérieurs à la réforme.
La société française n’a pas d’autre garantie que les principes catholiques. La religion est l’arôme qui empêche la société de se corrompre [et non l’opium du peuple]. C’est ce que M. Le Play a compris dans son grand travail sur la RÉFORME SOCIALE. La réaction se fait contre les doctrines dissolvantes. L’édifice social est fort lézardé ; il a besoin d’être réparé. Nous apportons notre pierre ; d’autres mettront le ciment. La politique chrétienne est de tous les temps et de tous les pays. Les études qui remplissent ce volume sont parues dans l’Univers jusqu’au 30 janvier 1860 et dans Le Monde ; nous les livrons au public sinon comme une doctrine complète, du moins comme autant de documents et de renseignements utiles à consulter ?
" A quoi sert d’avoir les mains propres si tu les tiens dans les poches ? "
J. B. V. Coquille, fut militant du catholicisme social, Rédacteur du 'Monde'. On lui doit : L'Empire et la Royauté. L'Hérédité monarchique. L'Armée. L'Athéisme dans l'Etat. Bibliographie sur le droit à la couronne de France ...
Jean Baptiste Victor Coquille
" A quoi sert d’avoir les mains propres si tu les tiens dans les poches ? "
J. B. V. Coquille, fut militant du catholicisme social, Rédacteur du 'Monde'. On lui doit : L'Empire et la Royauté. L'Hérédité monarchique. L'Armée. L'Athéisme dans l'Etat. Bibliographie sur le droit à la couronne de France ...
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